Yosh!
Après 14h 15min 27 secondes et 6456 morts (merci les compteurs du jeu

) je suis arrivé à 90% de complétion sur the End is Nigh, le dernier jeu pour masochiste patenté made by Edmund "the King" Mc Millen. Je suis arrivé au bout des deux premières fins et ai débloqué le dernier monde. Mais... Pour une raison que je ne spoilerais sous aucun prétexte, je bute sur un mur de difficulté absolument dantesque, qui m'oblige à m'atteler aux "mini jeux" que sont les cartouches de jeux que l'on récupère dans les niveaux afin d'adoucir un peu la méchanceté du jeu. Bordel, Super Meat Boy est dur, mais alors que dire de the End is Nigh?! Ce jeu est un véritable calvaire, éreintant pour les muscles et les nerfs. J'ai pourtant pris pas mal d'expérience depuis ces dernières années, que ce soit avec les précédentes productions de McMillen, les Hotline Miami, les Souls, Trackmania ou bien dernièrement Thumper. Me frotter à pareil jeu ne me fait nullement peur aujourd'hui et j'arrive à faire preuve d'une infinie patience et d'un sang froid à toute épreuve, mais là, ce soir, le jeu a raison de moi.
M'a-t'il dégoûté? Pas le moins du monde. Aussi difficile soit-il, ce jeu est une pure merveille de level design. C'est fabuleux. Un diamant noir brut, taillé avec les larmes, le sang et la sueur des joueurs afin de les pousser toujours plus loin dans leurs retranchements. J'ai souvent pour habitude de dire que le game design d'un jeu est réglé comme du papier à musique, mais là, jamais expression n'aura aussi bien trouvé aussi belle illustration. Moins virtuose qu'un Super Meat Boy car ne bénéficiant pas de sprint ni de Wall Jump, the End is Nigh est, et je pèse chacun de mes mots, d'une précision chirurgicale, au pixel près. C'est aussi bluffant qu'effrayant. Le gameplay est simple comme bonjour, encore plus que SMB, mais est d'une rigueur et d'une exigence inouïe. Là où SMB pouvait permettre un certain flottement, surtout sur certains sauts, the End is Nigh ne laisse pour ainsi dire aucune marge d'erreur. Plus que par le nuancier de son gameplay, c'est finalement par l'ajout successif de nouvelles mécaniques au sein des niveaux que the End is Nigh s'enrichit. Chaque monde est l'occasion d'expérimenter de nouvelles mécaniques et trouvailles de level design.
Le jeu est-il pour autant dirigiste et complètement fermé? Grand Dieu non! Il est aussi riche en terme de route planning au sein des tableaux que son aîné et le dernier speedrun que je viens de regarder me donne grand espoir que ce jeu soit parmi les plus riches de la discipline. avec des optimisations toujours plus précises et folles.
Le jeu est aussi doté d'une courbe de progression d'une justesse rare, peut être plus rapidement abrupte que dans Super Meat Boy.
Il se découpe en 9 mondes "principaux", chacun découpés en 15 à 20 niveaux, tenant chacun sur un seul tableau (là où SMB se permettait des niveaux de plusieurs écrans de large), dans lesquels se trouve systématiquement un objet à collecter (une tumeur). Si arriver à la fin du tableau est déjà une fin en soi, le véritable intérêt est justement de collecter ces tumeurs, qui font tout le sel de ces tableaux. Leur acquisition n'étant validée qu'après avoir quitté le tableau (et pas forcément par sa sortie), le joueur doit souvent se creuser les neurones pour déjà savoir où elle est (certaines ne sont pas immédiatement visibles et ne se dévoilent dans le niveau que sous certaines conditions, simples rassurez vous), d'y accéder et ensuite de faire le chemin retour. A côté de ça, les niveaux regorgent de zones secrètes, entre 5 et 8 en gros, dans lesquelles peuvent être trouvées des méga tumeurs (qui octroient 5 tumeurs à notre compteur) et les cartouches de jeu de Ash, le héros, qui sont des mini jeux dans la veine des zones rétro de SMB, tant dans leur patte graphique et sonore 8 bits que dans leur difficulté débile (celles ci étant de plus affublées de succès façon trophées PSN du genre "finir le jeu sans utiliser de crédits", etc.). Dit comme ça, ces collectibles pourraient paraître futiles et dérisoires, mais il n'en est rien. Notre compteur de tumeurs, encore une fois sans spoiler, conditionne drastiquement la suite du jeu, après ces fameux "9 mondes" et l'acquisition des 450 disséminées dans ces niveaux est la condition sine qua non pour accéder à la dernière zone secrète, celle sur laquelle je bute actuellement, d'ailleurs. Idem pour les cartouches, dont la complétion, sinon totale, au moins partielle, conditionne aussi méchamment notre avancée dans ce fameux monde, qui donne accès à la dernière fin du jeu. Donc un conseil, si vous vous lancez dans le jeu : récupérez ces tumeurs et ces cartouches. Vraiment. Sinon vous allez authentiquement en chier votre race et des ronds de chapeaux.
Un mot sur la DA, encore plus trash que Super Meat Boy ou Isaac, délicieusement grotesque et gore. La palette de couleurs est sans aucun doute plus restreinte que chez ses aînés, pour autant, the End is Nigh est probablement celui qui a la personnalité la plus forte. L'histoire, plus présente, notamment par le biais de cinématiques concises, mais doublées, fait toujours preuve de cet humour noir, irrévérencieux et trash qui caractérise les productions du bonhomme. Si le lore est assez cryptique, le pitch de départ est aussi débile que simple : Ash, le héros, est le dernier survivant après la fin du monde (ou ce qu'il en reste) et pour passer le temps, il joue aux jeux vidéos et stream ses parties sur un simili twitch post apocalyptique. Mais un jour, c'est le drame et sa cartouche fétiche tombe en rade. Il se décide donc à sortir voir le monde pour se faire un ami. Littéralement. De toutes pièces. En récupérant ici et là des restes de corps qu'il veut recoudre à gros point. Vala vala. That's it dude.
Un dernier mot sur l'OST, faite par le duo Ridiculon, déjà à l'oeuvre sur les dernières itérations de the Binding of Isaac et le portage de Super Meat Boy sur PS4/Vita. Au programme ici, des oeuvres du répertoire classique revisitées à la sauce guitare électrique, batterie et clavier, pour un résultat aussi original que décoiffant. Parcourir les enfers ou une vision de fin du monde avec en fond la Nuit sur le Mont Chauve ou la Marche des Valkyries retravaillées, ça vaut son pesant d'or, clairement.
Je concluerai en disant que the End is Nigh est un jeu de plate-forme fabuleux, aussi hypnotique qu'il est difficile et qu'il se place sans conteste dans mon panthéon du genre, juste à côté de Super Meat Boy, qui trône fièrement sur la première place du podium. Si vous vous sentez le courage de vous y attaquer, jouez y, jetez vous dessus. Même si c'est pas bon pour le coeur ou les nerfs. Foncez découvrir l'un des tous meilleurs jeux du genre, toute époque et toute machine confondue, qui n'a pas eu le succès qu'il mérite, faute d'une médiatisation suffisante.
Je vais essayer de pousser pour finir quelques cartouches et tenter de terminer cette dernière zone, après quoi je retournerai sur mes autres jeux en cours, à savoir le dernier God of War, Xenoblade Chronicles et (en dilettante) Darkest Dungeon. Une fois ça passé (enfin, au moins Xenoblade, pour ne pas avoir 36 RPGs en cours), je me lance dans Dark Souls remastered

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