Yosh!
Me rendant compte qu'avant de me lancer corps et âme dans DS Remastered il me fallait faire une petite pause avec un jeu plus court et moins chronophage et prise de tête qu'un RPG, je me suis lancé dans
Hellblade Senua's Sacrifice, sur PC. Je viens d'y jouer une heure et demi en gros, soit à priori environ un quart du jeu, de ce que j'ai pu en lire à droite à gauche.
Le jeu nous propose d'incarner Senua, une guerrière dont, pour l'instant en tout cas je ne sais pas encore grand chose si ce n'est que son but est de sauver l'âme de son bien aimé, à priori sacrifié par les peuples vénérant Hela, la déesse régnant sur Hel, et que surtout elle est sévèrement psychotique. Ce n'est pas une vue de l'esprit ni un trait d'humour douteux, c'est réellement ce qui affecte notre héroïne, et le joueur par la même occasion, puisqu'il vit au travers des yeux de Senua toutes ses hallucinations et son délire, intégré de manière plutôt maline au gameplay, dans l'ensemble (certains passages/énigmes étant un peu rentré au chausse pied tout de même, par moment).
Pour le reste, le jeu se présente comme un Beat'em all mâtiné de quelques menus passages d'énigme et prenant place dans la mythologie nordique, avec vue à l'épaule, comme un certain God of War sorti plusieurs mois après Senua's Sacrifice. Ceci étant, la comparaison s'arrête là, puisque Senua n'a rien des pouvoirs d'une déesse. Bien au contraire. La pauvre passe pour l'instant le plus clair de son temps à subir les voix dans sa tête. Certaines l'assaillent et la raillent sans cesse, une autre, qui prend le rôle d'une narratrice omnisciente s'adressant tant à elle qu'au joueur la guide calmement et une dernière lui sers de confident et l'accompagne dans la découverte de ces terres hostiles. Elle doit aussi composer avec des hallucinations plus ou moins violentes et effrayantes, desquelles sortent parfois des esprits malfaisants, prenant la forme de guerriers maudits qui l'assaillent ouvertement, ce qui donne lieu aux combats du jeu.
Ceux ci se déroulent la plupart du temps en arène et nous mettent aux mains d'un à plusieurs ennemis à la fois (pour l'instant je n'en ai eu que 3 à 4 en même temps), mine de rien particulièrement agressif. Heureusement, notre héroïne, si elle n'a ni la condition physique ni les pouvoirs d'une divinité, est loin d'avoir les deux pieds dans le même sabot et sait particulièrement bien manier l'épée, au fil desquels elle passera ses assaillants, dans des affrontements d'une rare violence, durant lesquels elle laissera exprimer toute sa rage.
Côté joueur, on se retrouve dans une conformation assez classique avec coup faible/fort, roulade/esquive et une parade pouvant servir de contre si utilisée juste avant l'impact du fer adverse. Le timing de la parade n'est d'ailleurs pas sans rappeler celui de Castlevania Lords of Shadow. Les combats s'envisagent avant tout comme des duels, la caméra restant dans le dos et lockant automatiquement l'ennemi le plus proche (que l'on peut changer avec le stick droit à tout moment) ce qui ne laisse donc aucun contrôle au joueur pendant les affrontements. Ce n'est pas spécialement gênant, en tout cas me concernant. Le feeling des combats est excellent et c'est pour l'instant, je trouve, ce qui fait tout le sel du gameplay du jeu, les phases d'exploration étant quant à elle plus que quelconques. Comme dit plus haut, ils sont particulièrement violents, avec des impacts bien lourds et puissants, l'utilisation de quelques petits ralentis venant encore plus appuyer cette impression, et des animations vives et souples. On sent à la fois bien la fragilité de Senua, quand elle chancelle parce que son arme a ricoché sur le fer adverse, qu'elle a dû encaisser un coup trop lourd pour elle dans sa garde ou qu'elle est projetée en arrière par un ennemi, et sa rage dans ses attaques, ce qui donne un côté assez désespéré aux affrontements.
En résulte une fuite en avant perpétuelle, dans un univers particulièrement glauque, sanglant et macabre. Le jeu réussit d'ailleurs à ne pas (trop) tomber dans la surenchère grotesque et stupide de gore comme dans des jeux de série B comme Dante's Inferno, le reboot de Tomb Raider (coucou!) ou plus simplement les premiers God of War. Alors non, on n'échappe pas à quelques cadavres crucifiés par ci par là, mais globalement, on n'est jamais vraiment dans le "too much" des titres cités. Même les combats, aussi brutaux soient ils, savent garder une certaine mesure. Point de glory kill ultra badass ici, seulement de lourds coups d'épée faisant vaciller les adversaires par la simple puissance de l'impact et de l'inertie. Cela contribue à donner un certain "réalisme" (notez les guillemets, tout de même) aux affrontements et s'inscrit encore plus dans la psychose de Senua.
Un mot sur la bande son, très discrète, mais particulièrement bien travaillée. C'est avant tout du bruitage d'ambiance et les voix dans l'esprit de Senua qui rythme notre avancée et il n'y a pour ainsi dire pas de musique. La spatialisation est par contre très réussie et l'immersion avec un casque est excellente. On regrettera cependant des voix un brin trop volubiles, ne laissant que rarement du calme. Sans doute les développeurs ont-ils voulu rendre le côté très "envahissant" que ces hallucinations/délires peuvent avoir chez des patients psychotiques (schizophrènes en particulier), ceci étant, cela finit par avoir un caractère un brin trop artificiel et par casser l'immersion, ce malgré l'excellence des doublages anglais et du jeu d'acteur des "voix", particulièrement investi.
Au rang des petits regrets, il est à noter que le découpage entre phase d'exploration et combats finit par très rapidement se voir, ces derniers ne se déroulant que dans des arènes fermées. Cela a pour conséquence d'écorner assez rapidement l'immersion et surtout le sentiment de danger, puisque finalement Senua ne risque rien pendant les phases d'énigmes. Point d'attaques surprises ou de brèves et agressives hallucinations pour instiller dans l'esprit du joueur ce sentiment de crainte et de dérangement. A voir ce que la suite du jeu me réserve ceci dit, je pourrai bien avoir quelques belles surprises.
Je n'en dirai pas plus sur l'histoire pour l'heure, d'une part parce que j'en sais encore trop peu pour me forger une opinion et d'autre part parce que je ne veux pas spoiler

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En résumé, pour l'instant j'en suis très satisfait. Malgré d'évidents défauts, au premier rang desquels le découpage trop artificiel des différentes phases de jeu (exploration/combats), on sent une réelle volonté de bien faire de la part du studio, Ninja Theory, qui accouche d'un jeu ma foi fort intéressant et dont j'ai hâte de connaître le fin mot de l'histoire.