Yosh!
the Red Strings Club terminé hier, sur une première, et une seconde run dans la foulée.
Que dire donc de plus... Beaucoup de choses, en fait

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Pour commencer, mon ressenti sur le jeu est aussi bon que lors de mon premier avis. Très court (à peine 3-4h sur une première fois, 1h-1h30 quand on connaît), le jeu n'en est pas moins intense, scénaristiquement parlant. Il se découpe grosso modo en 3 gros "actes", le deuxième, dans le fameux bar donnant son nom au jeu, étant à la fois le plus long et le plus riche.
Grosso modo, TRSC se présente comme un mix entre visual novel et point'n click léger. Le joueur ne peut pas "perdre" à proprement parler, mais ses choix et dialogues influent grandement sur le déroulé de la trame. Comme je disais, le gros du gameplay se joue dans le bar et propose au joueur d'incarner Donovan, son propriétaire et également trafiquant d'informations, à ses heures perdues. Pour obtenir ce qu'il veut, il se sert de son "flair", son feeling, pour concocter des cocktails qui influeront profondément sur l'humeur de son interlocuteur, ce afin de le mettre dans les dispositions idéales pour lui faire dire ses secrets. Les clients ne sont pas dupes néanmoins, et le business de Donovan est de notoriété publique en ville. C'est donc en toute connaissance de cause qu'ils vont goûter ses cocktails. Mais pour les informations qu'ils révèlent, ils en obtiennent autant en échange.
De ce postulat de base va se tisser une intrigue particulièrement riche et touffue, sur fond de révolution de hackers envers un gros conglomérat ayant de "vils plans" en marche, le tout dans un univers cyberpunk et sombre, à mi chemin entre Deus Ex (Human Revolution notamment) et Hotline Miami. Les dialogues, aux multiples embranchements, donnent lieu à des échanges forts bien sentis, abordant des thèmes dans l'ensemble très intéressants, traités avec une belle justesse, en évitant soigneusement tout manichéisme malheureux. Essayez donc de donner un choix de dialogue qui serait "contre" votre moral, vous serez sans doute fort étonnés du résultat effectif de votre réponse... Moi en tout cas j'ai été très agréablement surpris

. A noter que vos choix peuvent carrément amener à débloquer de nouvelles phases de dialogues, totalement optionnelles, mais extrêmement intéressantes.
Le résultat est admirable et contribue largement à donner une densité et une richesse absolument dingue à un récit dont le "gros pitch" principal (les gentils hackers contre les vilains conglomérats capitalistes) serait sans ça assez classique.
Alors, le jeu n'est pas non plus exempt de tout reproche sur son écriture. La fin du récit s'emballe un peu trop vite et on sent que l'équipe de dev' a voulu un peu balancer toutes les réponses à l'intrigue sur un laps de temps pour ainsi dire microscopique. Révélations fort intéressantes par ailleurs, vraiment. Capitales même. Mais hélas avec un sentiment d'expédié assez tenace. Cela se sent aussi sur la façon dont ces derniers dialogues sont écrits et amenés, avec un sentiment ténu, mais réel de "revenir" dans un "simple" jeu, cassant par la même l'immersion. Dommage.
Quelques rares autres dialogues du jeu soufflent le chaud et le froid, notamment quand il tente quelques incursions un peu méta en voulant questionner ou (plus souvent) se moquer de son medium. Ceci dit, cela reste très sporadique et la très large majorité des dialogues sont très justement et finement écrits. Ceci étant aidé par une localisation FR de première qualité, même si, de l'avis de Master et du mien aussi, quelques coquilles subsistent (notamment sur une question, dont le choix "oui/non" donne un résultat à l'opposé de ce que l'on veut effectivement...).
Dans les autres reproches, cette fois concernant le gameplay lui même, on pourra citer quelques approximations sur les phases de mélange, avec des bouteilles ne coulant pas, des items qu'on a du mal à attraper, etc. Ce qui donne parfois le sentiment de jouer à un jeu flash. Un des actes (au tout début d'ailleurs) est aussi assez chiant à jouer, la faute justement à un gameplay particulièrement imprécis et donc totalement horripilant. Heureusement cette phase est très courte.
Pour ne pas finir sur des griefs, un dernier mot sur la BO, qui est géniale. Mix entre ambiance feutrée de piano bar et de synthwave mélancolique, elle fait une grande, très grande partie de l'ambiance de ce jeu. Il n'aurait clairement pas le poids ni la portée qu'il a sans elle.
Bref, the Red Strings Club, c'est un concentré de bonnes et belles intentions, avec un récit "de base" classique, mais traité avec une finesse rare dans le medium, abordant des thèmes très intéressants, tout en évitant tout manichéisme malvenu, le tout soutenu avec une BO superbe et un gameplay certes perfectible, mais fort originale. Il y a bien quelques petites errances à déplorer, mais eh, la perfection n'est pas de ce monde. Des jeux avec une puissance narrative pareille, on n'en croise pas tous les jours.
Donc, laissez tomber vos soucis et prenez place de l'autre côté du Zinc du Red Strings Club. Accompagnez Donovan et laissez vous porter par ses muses et ses volutes de spiritueux pour entrer dans un univers aussi enivrant qu'intriguant. Vous n'en ressortirez pas indifférents

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